Questions pour les élèves : Que pensez-vous des réseaux sociaux ? Avez-vous déjà joué au journaliste sur Internet ? Avez-vous déjà partagé de l’information, via du texte, des photos, une vidéo ? Avez-vous l’impression d’apprendre des choses sur le monde via Facebook ou Youtube ?
L’arrivée des médias sociaux (blogs, réseaux sociaux, plateformes de partage d’images ou de vidéos) a été vue par certains comme la solution aux dérives des médias traditionnels.
Aujourd’hui, ces organes de presse ne sont plus les seuls producteurs de l’information. Désormais, quiconque disposant d’une connexion Internet peut produire de l’info et la diffuser au monde entier.
Cependant, il est vite apparu que si les médias sociaux occupent déjà un certain espace dans le champ médiatique, ils ne sont pas non plus exempts de dérives.
Avec le web, nous sommes tous des reporters
Le journalisme 2.0, une version 2 du journalisme.
Ces nouveaux arrivants ont profondément modifié le champ médiatique, l’information n’étant plus uniquement diffusée verticalement, des médias vers le public, mais aussi de façon horizontale, du public vers le public.
L’avantage de ces médias sociaux, qui existent en très grand nombre, c’est que chacun peut littéralement faire son marché en choisissant le canal qui répond le mieux à sa demande. Des blogs de vulgarisation de savoirs scientifiques ou technologiques aux pages d’échanges sur des compétences de la vie quotidienne en passant par les sites de divertissement, de sport ou dédiés à la culture, ces divers médias permettent finalement de traiter ces informations selon l’angle souhaité par une audience de niche.
S’agissant d’actualité, la possibilité de production de l’information par le public permet également d’accéder à certains évènements qui auraient été inaccessibles ou laissés de côté par les médias traditionnels.
Par ailleurs, avec l’avènement des smartphones, toute personne témoin d’un fait qui l’interpelle peut, si elle dispose d’un tel appareil, filmer ou photographier l’évènement et le partager directement avec le reste du monde. Ceci vaut pour des faits divers mais également pour des cas plus dramatiques comme des situations de guerre. On a pu voir ces usages lors de révoltes en Iran, du Printemps arabe ou plus récemment en Ukraine.
Si certains professionnels des médias ont vu d’un mauvais œil l’envahissement de leur secteur d’activité par des non-professionnels, d’autres ont vite réalisé qu’ils pouvaient tirer parti de l’information fournie par ces producteurs amateurs.
Les possibilités de contribution offertes au public sont diverses : possibilité de commenter les articles, « chats » avec des experts organisés autour d’un sujet précis, « live » qui permettent de diffuser un évènement en temps réel en intégrant divers contenus issus des réseaux sociaux…
Mais la plus considérable et valorisante de ces participations concerne les faits dont le contributeur a été témoin en l’absence de toute présence d’un média traditionnel. Plusieurs grands médias ont créé des plateformes destinées à recueillir ces témoignages en vue d’une possible exploitation et il existe désormais des sites spécialisés dans la récolte et la commercialisation d’images amateurs auprès des médias traditionnels. Aujourd’hui, nous sommes donc tous devenus reporters. Mais attention, cela ne fait pas de nous des journalistes pour autant.
Quand les dérives reviennent au galop
Avec la profusion de ces nouveaux producteurs de contenu, issus de milieux très diversifiés et n’étant pas directement soumis à des contraintes économiques, on pouvait espérer que l’information ainsi produite serait libérée des dérives reprochées aux médias traditionnels.
Néanmoins, ceux qui ont étudié le fonctionnement de ces médias, en particuliers les plus populaires que sont les réseaux sociaux, ont observé des tendances qui ne sont pas sans rappeler les critiques adressées à l’égard des médias classiques.
Tout d’abord, il faut constater que la surabondance d’information sur les réseaux sociaux ne permet pas d’être davantage et mieux informé. Chaque info, quelle que soit son importance, se retrouve noyée dans un flux de textes, d’images et de commentaires jusqu’à sa disparition. Sa durée de vie est également limitée : c’est celle de son temps d’affichage dans un fil d’actualité avant d’être remplacée par une autre.
D’autre part, le caractère immédiat et bref des contenus diffusés sur un réseau social explique en grande partie le caractère très passionnel de cette information mais aussi l’implication émotionnelle du diffuseur. Une idée qui est également répandue veut que, sur Internet encore plus qu’ailleurs, l’information doit être courte, simple et directe pour n’être ni ennuyeuse, ni difficile à comprendre et, surtout, pour accrocher l’intérêt de l’internaute.
Par ailleurs, il semblerait que le public n’ait pas vraiment gagné en liberté par sa participation à la production de l’information. L’information sur les réseaux sociaux se consomme dans une forme de frénésie, l’internaute passant souvent à grande vitesse d’une page à une autre, en les parcourant superficiellement, ne retenant des contenus que les idées générales. Ceci ne favorise guère le discernement du public, ni le désir de chercher à comprendre un évènement dans sa complexité. Le risque est plutôt de ne voir le monde qu’à travers des lieux communs, des slogans, des stéréotypes et donc d’être très perméable à la manipulation.
Pour finir, le statut de ces producteurs d’information sur lesquels ne s’exerce aucun contrôle et qui peuvent être anonymes s’ils le souhaitent, multiplie les risques de diffusion de fausses informations et de rumeurs. Or, une fois qu’une rumeur est diffusée sur la toile, il est très difficile de la désamorcer.
En conclusion
En multipliant les sources de production de l’information et en permettant à chacun de pouvoir en être acteur, les médias sociaux ont démystifié le rôle des médias classiques en tant que quatrième pouvoir.
Néanmoins, les médias sociaux, et en particulier les réseaux sociaux, doivent faire face à un certain nombre de critiques également. À défaut de les considérer comme une alternative aux médias classiques, on peut donc les voir comme un complément très utile pour exercer un regard critique sur l’information diffusée par ces derniers.
Pour aller plus loin
En théorie :
La Fédération des Maisons de Jeunes en Belgique francophone met à disposition un dossier sur les avantages et risques des réseaux sociaux.
Sur l’Espace citoyen, Internet et les réseaux sociaux sont déclinés de façon pertinente et plutôt complète.
En pratique
Avec « effet buzz », voici un bel outil pour prévenir de l’usage risqué des réseaux sociaux, notamment en ce qui concerne la rumeur.
Un classique mais c’est toujours utile de rappeler son existence : hoaxbuster, le site de détection des faux, canulars et arnaques qui circulent sur le web.
En actes :
Citizen Side est un site qui agrège toutes les images et vidéos que les « journalistes citoyens » du monde entier souhaitent partager. Avec l’idée de proposer une autre vision du monde que celle que nous imposent les médias traditionnels.